13 février 2012

Jean (Dujardin) qui rit… et j’en peux plus !

Trop. Je te le dis, Jean, c’est trop. Trop de matins à écouter la voix du présentateur annoncer les lieux où tu passes tes soirées, les augustes acteurs que tu as poussé hors du tapis rouge, le nombre de statuettes glanées et la qualité des médailles accrochées à ton smoking. Le service après-vente tourne au jubilée interminable dont on nous prédit qu’il nous faudra endurer l’épreuve jusqu’à ce soir où, enfin, tu brandiras la récompense suprême à la face du monde. Ne plus te voir, ne plus t’entendre. Pas le choix. On te chasse des ondes, on te retrouve sur l’écran. On te zappe et on te retrouve à la une d’un magazine. Et partout, tes dents. Ces dents, si blanches dont on croit entendre le tintement sortant des baffles. Cette bouche figée qui rit tellement, une bouche pleine de dents dessinée pour l’image. Une bouche d’enfant qui semble nous dire « veuillez m’excuser mais je n’ai jamais rêvé que de ça ! Alors, s’il vous plait, laissez-moi en rire de toutes mes dents ». A vrai dire, on te comprend, on n’a pas vraiment de dent contre toi, on pourrait même se prendre à en rire aussi. Au lieu de cela, on montre bêtement les dents, lorsque le présentateur, le journaliste, le politique se réjouit de tes nouvelles prises. 

Mais de quoi s’agit-il ? De quoi Jean Dujardin est-il le nom pour qu’il soit ainsi scandé en tous lieux et à toutes heures ? De cinéma ? Point. D’un phénomène people ? Non plus. Non, en ces temps de (pré) campagne électorale et d'austérité généralisée, a l'heure où l'on accuse le coût devant le déficit de notre balance commerciale et où l’hexagone peine à vendre son savoir-faire et ses produits hors de ses frontières, tu es, cher Jean, la planche de salut de la maison France. Un vrai produit made in France (ton accent en témoigne) doublé d'une authentique réplique/pastiche anglo-saxonne. Un produit culturel au synchrétisme parfait pour s’installer sur l’écran-monde et concourir dans la catégorie box-office. Mais de quoi parle-t-on ? De politique, d’économie, d’entertainment, de culture ? Un peu de tout ou surtout de n’importe quoi ? Et surtout, lorsque Jean aura fini sa moisson, lorsque l’artiste aura quitté l’écran, que restera-t-il de cette tournée sans fin ? Un film, pas vu. Un acteur, réduit à dépoussiérer ses statuettes. Et, nous, à vivre avec le souvenir de ses dents.






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