1 octobre 2012

Rien sur les écrans

Crédit : merci pour l'emprunt au merveilleux site : www.salles-cinema.com

En matière culturelle comme en tout autre, il devrait y  avoir des saisons. Certains arts, comme la littérature, le théâtre, les musées ont le bon goût de s’être imposé des temps. Les écrivains font leur rentrée, les théâtres ferment et ouvrent leur saison, et les cimaises des musées patientent entrent deux accrochages. Au cinéma, rien de tout cela. Jamais le rideau ne tombe et pas un jour de l’année, ni même deux heures d’une journée sans que la toile ne s’anime. Le 7ème art est un art frénétique, celui d’une image sans cesse renouvelée, jamais épuisée. Pas un jour off, ni une semaine sans sorties. Encore et toujours, son spectateur peut dire et se dire « Et si on allait au cinéma ? »,  jamais son entreprise ne sera contrariée. C’est un art du siècle dernier qui partage avec le présent, son caractère si pressé. Il faut être à l’heure sans quoi on risque de rater la séance. On veut en connaître la durée « il dure combien de temps ? ». Et d’une semaine sur l’autre, les affiches valsent, se superposent ; les films se chassent. Le cinéma est un art dont l’énergie cinétique entraîne et rejette le corps du spectateur en et hors de son centre-écran. Pour ma part, je flotte en sa périphérie. Je m’accorde une pause que cet insatiable ne veut m’accorder. Je blanchis à la chaux le ventre des colonnes Moriss, je déchire les pages cinéma des magazines, j’endors à l’éther les voix des chroniqueurs et laisse macérer sous blister les numéros de rentrée. Une trêve culturelle, un peu de rien, c’est bien.
Mauvais esprit
Depuis peu, je me suis découvert un allié. Il a le ventre rond, bien gavé. C’est un bâtiment semi-circulaire recouvert d’un linceul blanc le temps de se faire une beauté. Sur ses flancs échafaudés, des ouvriers opèrent un pinceau à la main. Les semaines passant, les cloques ont disparu, raclées et recouvertes d’un nouvel enduit. Bientôt, mon cinéma retrouvera tout son lustre. En attendant, il ne fait pas de la retape sur la voie publique. Plus une affiche ne l’orne si ce n’est une verrue signée Oliver Stone qui s’accroche à son linceul comme une moisissure. Les échafaudages ont eu raison de ceux et celles qui inlassablement se plaisent à faire et défaire nos envies de ciné. Je n’en ai donc plus aucune. Bientôt, mon cinéma fera sa rentrée et moi aussi. D’ici à demain, sa façade retapée dévoilera en son faîte la ronde de ses visages grotesques appelés « mascarons ». Ces visages sculptés aux couleurs criardes dont la fonction était - à l’origine et, aujourd’hui, selon wikipédia - « d’éloigner les mauvais esprits afin qu’ils ne pénètrent pas dans la demeure ». Demain alors, les mascarons auront chassé les films en plastique de la rentrée. Et lorsque enfin je réintègrerai leur ronde, ils me protégeront de tout mauvais choix. Demain alors, je retournerai au cinéma et reviendrai au monde.

1 commentaire:

  1. Bien vu ,j'ai bien aimé ,on espère que ce n'est pas la dernière scéance(je veux dire le dernier article en provenance de Mister CINEMA)!!!!

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